Le premier parc mondial d'hydroliennes bientôt finalisé au large de la Bretagne (2014)

 

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Début avril 2014, l'hydrolienne L'Arcouest a été relevée avec succès par les équipes de DCNS et sa filiale OpenHydro, après quatre mois de tests en conditions réelles au fond de la mer au large de Paimpol-Bréhat (Côtes d'Armor). Ces essais concluants ont permis de démontrer les performances de l'hydrolienne en termes de rendement et de fonctionnement, validant le principe du prototype de 16 mètres, étape indispensable avant le développement de fermes pilotes. Objectif affiché : développer une nouvelle filière industrielle française en tant que leader mondial.

Les hydroliennes sont l'équivalent des éoliennes mais sous l'eau ! Des turbines sont implantées sur une structure fixée au sol et le tout est totalement immergé.
Les hydroliennes récupèrent l'énergie cinétique des courants sous-marins et la transforment en énergie électrique. Plus les courants sont forts, plus les hydroliennes génèrent d'électricité.

A dimension égale, une hydrolienne produit plus d'énergie qu'une éolienne puisque la densité de l'eau est 800 fois plus élevée que celle du vent. Enfin, l'impact visuel est nul ou quasi-nul, de sérieux atouts pour justifier leur expérimentation, voire leur développement.

Le parc hydrolien de Paimpol-Bréhat

Le parc hydrolien EDF de Paimpol-Bréhat a été initié en 2004. En octobre 2008, EDF a retenu la technologie d'hydrolienne développée par OpenHydro.

Le projet final du parc hydrolien EDF de Paimpol-Bréhat sera composé de 2 hydroliennes de 16 mètres de diamètre chacune, dont un rotor de 12 mètres pour une puissance totale de 1 MW. L'implantation du parc aura lieu dans une zone de forts courants marins et à une profondeur d'environ 35 mètres.

2009 et 2010 ont été les années de conception, d'études, de concertation et d'obtention des autorisations administratives. Des tests sur un modèle réduit de 6 mètres de diamètre ont été réalisés en janvier 2011, puis l'Arcouest, la première des hydroliennes est arrivée en juillet 2011 à Brest afin d'être assemblée et testée. Après un retour en Bretagne dans le courant de l'été 2012, l'hydrolienne a donc été de nouveau immergée dans le but de confirmer les dernières améliorations techniques apportées. Parallèlement, un câble sous-marin de 15 kilomètres permettant de transporter l'énergie produite jusqu'à un poste de livraison électrique situé dans l'anse de Launay, sur la commune de Ploubalzanec, a été installé.

Un test en conditions réelles réussi

Pour le test grandeur nature avec raccordement au secteur, l'hydrolienne de 16 mètres de diamètre et de 1 000 tonnes a été immergée à une quarantaine de mètres de profondeur en décembre 2013. Pendant quatre mois, les équipes de DCNS et d'OpenHydro ont étudié son comportement. L'hydrolienne a fait l'objet de nombreuses mesures, électriques et mécaniques. Au total, la turbine a tourné 1 500 heures en continu (contre 500 heures initialement attendues). Selon le DCNS, "ces résultats concluants démontrent le bon fonctionnement de ce prototype de 16 mètres".

Hydrolienne L'Arcouest

Ce type de turbine devrait produire environ 43 GWh par an, l'équivalent de la consommation en électricité de 1 700 habitants, ceci pendant au moins 30 ans, la durée de vie estimée de l'hydrolienne.

La barge Triskell : un système de mise en place unique au monde

Grâce au savoir-faire de sa filiale irlandaise OpenHydro, DCNS a mis au point un système unique permettant d'installer la turbine jusqu'à 50 mètres de profondeur, en toute sécurité et avec une rapidité et une précision optimales.

L'hydrolienne est transportée sur son site d'expérimentation à bord d'une barge offshore tirée par un remorqueur. Une fois stabilisée, la barge permet d'assurer le tractage de la turbine au fond de l'eau grâce à des moteurs hydrauliques et à un système innovant de treuils et de câblage. Ce système permet d'installer l'hydrolienne au fond de l'eau avec une précision de plus ou moins cinq mètres, sans aucun travail de génie civil sur les fonds marins. L'hydrolienne repose en effet au fond de la mer par la simple force gravitaire. Lorsque la barge est pré-positionnée, il faut moins d'une heure aux équipes pour assurer l'immersion ou le relevage de la turbine.

C'est un atout environnemental important : l'hydrolienne en fin de vie ou en dysfonctionnement peut être facilement récupérée et ne deviendra pas un déchet marin. En outre, l'absence de fondation minimise la dégradation du fond sous-marin et affecte peu la vie marine sont peu impactés par l'installation et la présence de l'hydrolienne

Une première étape de franchie avant le déploiement de fermes pilotes

La fin de cette campagne d'essais est une étape majeure pour le Groupe. Les tests sur le site de Paimpol-Bréhat ont permis de valider le principe du prototype de 16 mètres, étape indispensable avant le développement de fermes pilotes. Ce retour d'expérience précieux va permettre aux équipes de DCNS et OpenHydro de finaliser le design de l'hydrolienne de deuxième génération, d'une puissance de 2 MW (contre 0,5 MW actuellement).

A titre de comparaison, les éoliennes off-shore installées actuellement sur les côtes françaises ont des puissances unitaires de 5 MW, mais d'ores et déjà, GDF Suez vient de remporter le deuxième appel d'offres français pour l'éolien en mer avec une turbine Areva d'une puissance record de 8 mégawatts (MW) !

Une ferme pilote sur le site de Paimpol-Bréhat

Suite à ces tests concluant, EDF a annoncé le développement d'une ferme pilote comprenant deux hydroliennes de nouvelle génération sur le site de Paimpol-Bréhat. OpenHydro, fournira les deux nouvelles turbines qui seront opérationnelles dès 2015. D'une puissance unitaire de 0,5 MW, elles couvriront les besoins en électricité de 1 000 à 1 500 foyers.

"Les évolutions, qui s'appuieront sur les connaissances acquises via le prototype L'Arcouest, sont destinées à garantir la fiabilité mécanique et électrique et permettre à l'avenir une fabrication au standard industriel. Elles viseront à optimiser l'assemblage des parties mécaniques, à améliorer la protection des câbles et à fiabiliser l'étanchéité des composants électriques." nous explique le groupe DCNS.

Cette phase pilote permettra le déploiement à partir de 2016 de fermes pré-commerciales et le développement d'une filière industrielle de l'hydrolien en France, notamment "sur des sites plus énergétiques comme comme le raz Blanchard" (pointe nord-ouest du Cotentin), nous précise EDF.

De plus, DCNS et EDF Energies Nouvelles ont, dans le cadre du Programme des Investissements d'Avenir du Gouvernement français, déposé, le 16 mai 2014, un dossier de candidature pour l'installation d'une ferme de 14 MW constituée de 7 hydroliennes qui pourraient être mises en service en 2016, dans le raz Blanchard, au large de Cherbourg.

Eté 2016 : les deux hydroliennes fonctionneront ensemble

Depuis le 20 janvier 2016, une première hydrolienne est de nouveau immergée au large de Ploubazlanec. Mi-Mai 2016, la seconde hydrolienne se préparait à rejoindre prochainement son site d'exploitation. Elle quittera Brest à l'issue de la phase de tests de performance mécaniques et électriques actuellement en cours. Elle sera alors immergée, à près de 40 mètres de profondeur, à côté de sa jumelle. L'objectif est désormais un raccordement au réseau électrique des deux hydroliennes à l'été 2016. Elles seront reliées à un convertisseur sous-marin commun, conçu et fabriqué par General Electric, qui va transformer l'énergie en courant continu pour l'acheminer jusqu'à la cote. Ces turbines formeront le premier parc, en France et dans le monde, d’hydroliennes raccordées au réseau national de distribution d’électricité.

hydrolienne-Arcouest-2Seconde hydrolienne DCNS/OpenHydro du projet de parc démonstrateur hydrolien EDF de Paimpol-Bréhat
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Une autre ferme pilote au Canada

OpenHydro prévoit également de déployer à court terme, en Baie de Fundy (Canada), 2 hydroliennes de 2 MW chacune qui fourniront de l'électricité à plus de 1 000 habitants de la Nouvelle-Ecosse.

Hydroliennes : vers une "nouvelle filière industrielle française"

La France dispose du deuxième gisement européen d'énergie pouvant être générée à partir des courants marins. Selon une étude prospective de RTE de janvier 2013, le gisement hydrolien français a un potentiel théorique exploitable estimé de 3 à 5 GW selon les sources. Il se concentre dans le Cotentin et en Bretagne nord, sur quelques sites où l’onde de marée est amplifiée par la configuration des côtes (détroits, caps, goulets) : le Raz Blanchard principalement, et dans une moindre mesure, le Raz Barfleur et, près d'Ouessant, le Passage du Fromveur.

"Grâce à notre filiale OpenHydro, dont nous détenons 60 % depuis mars 2013, nous sommes le leader mondial des hydroliennes. Avec le nouveau contrat signé jeudi d'une ferme de 300 MW pour les îles anglo-normandes, nous avons pour plus de 1 GW (milliard de watts) de projets engrangés pour l'Arcouest. Nous avons déjà des commandes au Canada, en Écosse et en Irlande", s'enthousiasme Thierry Kalanquin, directeur énergies et infrastructures marines à la DCNS.

Antoine Cahuzac, Directeur Exécutif du Groupe EDF, en charge du Pôle Energies Renouvelables et Directeur Général d'EDF Energies Nouvelles, a déclaré le 13 mai 2016 : « Leader européen des énergies renouvelables, le Groupe EDF, à travers sa capacité d'innovation, croit et investit dans les nouvelles technologies et notamment les énergies marines renouvelables. La technologie hydrolienne, expérimentée en partenariat avec DCNS sur le site EDF de Paimpol-Bréhat, fait partie de ces nouvelles énergies prometteuses non-émettrices de dioxyde de carbone. La réussite de ce projet est un jalon clé avant la réalisation par EDF Energies Nouvelles d'une ferme hydrolienne à plus grande échelle, avec l'ambition de créer à terme une nouvelle filière industrielle française. »

Notes

DCNS est un leader mondial du naval de défense et un innovateur dans l'énergie. DCNS conçoit, réalise et maintient en service des sous-marins et des navires de surface. Il fournit également des services pour les chantiers et bases navals. Enfin, DCNS propose un large panel de solutions dans l'énergie nucléaire civile et les énergies marines renouvelables.

Source : http://www.notre-planete.info/actualites/4022-hydrolienne-Bretagne-test