Recyclage des déchets : le nouvel allié du climat dans l’Hexagone

Remis au goût du jour par la loi de transition énergétique pour une croissance verte, le concept d’économie circulaire entend encourager le développement des filières industrielles de recyclage à la fois prometteuses économiquement et indispensables au regard des enjeux environnementaux actuels.

En effet, si la France accuse toujours un retard certain en la matière, le poids de ces filières dans la lutte contre le changement climatique ne se dément pas et devrait même s’accroître dans les années à venir.

Selon une étude publiée mardi 30 mai 2017 par les industriels du secteur et l’Ademe, le recyclage des déchets en France aurait permis d’éviter jusqu’à présent l’équivalent de 5% des émissions nationales annuelles de CO2, et d’économiser l’énergie représentant la production d’environ 18 réacteurs nucléaires.

 

Le lent démarrage de l’économie circulaire en France

Économie de matières premières, création d’emplois, innovation, perspectives de croissance, adaptation aux nouveaux besoins des consommateurs, les promesses de l’économie circulaire et du recyclage sont nombreuses. La logique linéaire du « prendre, fabriquer, utiliser et jeter « , quasi omniprésente dans nos sociétés, ne peut perdurer et le contexte économique se prête désormais davantage à la sauvegarde et au réemploi des matières premières.

Transformer nos économies dans le sens d’un développement plus durable et d’une réutilisation constante des produits arrivés en fin de vie promet par ailleurs de grands bénéfices dans de nouvelles filières industrielles d’avenir consacrées à ces nouveaux modes de production et de consommation. L’Europe et la France n’ont pourtant pas encore pris toute la mesure des perspectives de développement offertes par le recyclage et avancent toujours timidement vers la mise en place d’une économie circulaire plus responsable.

Les chiffres sont en effet peu flatteurs dans l’Hexagone même si quelques exemples de recyclage réussis et rentables se multiplient dans l’industrie et occupent le haut de l’affiche. Au final, moins de 30% des ordures ménagères collectées sont triées et atteignent une installation de recyclage ou de compostage. La France accuse également un retard important dans la gestion des déchets du BTP (dont une grande partie peut être réutilisée), sans parler des déchets du secteur tertiaire qui ne sont même pas triés dans de nombreuses entreprises. En cause ici, un manque de maturité des filières, la fluctuation du cours des matières premières, des difficultés d’approvisionnement, la mauvaise image dont souffrent encore les produits recyclés et le peu d’informations sur les véritables bénéfices économiques du recyclage accessibles pour les particuliers comme les entreprises.

 

« Même si on parle de plus en plus d’économie circulaire, dans les faits, on a une économie linéaire qui prend le pas sur l’économie circulaire, pour des raisons tout simplement économiques. Car le faible prix des matières vierges les rend plus compétitives que les matières issues du recyclage », explique dans les Techniques de l’ingénieur Jean-Philippe Carpentier, Président de la Fédération des entreprises du recyclage (Federec).

 

Recyclage des déchets et réduction des émissions de CO2

Il ne faut pas pour autant noircir le tableau plus qu’il ne l’est en réalité. Le recyclage en France se développe lentement mais sûrement et le concept d’économie circulaire a bel et bien fait son entrée dans la législation française, via la loi de programmation sur la transition énergétique pour la croissance verte. Le recyclage des déchets industriels et ménagers joue par ailleurs clairement en faveur de la lutte contre le changement climatique et contribue de manière significative au respect des objectifs de réductions des émissions de gaz à effet de serre.

 

Selon les chiffres de l’évaluation environnementale du recyclage en France publiés par l’Ademe et la Federec, les filières de recyclage des déchets d’emballages, des ferrailles, des papiers et cartons ou des plastiques, ont permis d’éviter pour l’année 2014, l’émission de 22,5 millions de tonnes de CO2. « C’est l’équivalent de l’ensemble du transport aérien français et de 20% des émissions du parc automobile« , se félicite cette fois Jean-Philippe Carpentier, lors d’une conférence de presse.

Et les résultats sont tout aussi positifs en matière d’économie d’énergie et de matières premières. L’objectif de l’étude consistait ici à mesurer l’impact environnemental (matière, énergie, émissions de CO2) de chaque étape du recyclage des déchets, de la collecte au tri, jusqu’à leur transformation en nouvelle matière première, en incluant les phases de transports. Or, le traitement des déchets pour produire des matières premières recyclées permet également d’économiser une quantité importante d’énergie par rapport à ce que nécessite l’extraction et la production de matière première vierge. On parle ici de 124 térawattheures d’énergie économisées sur une année, soit l’équivalent de 80% de la consommation électrique des foyers français. Idem pour les matières premières, produire des matières recyclées permettrait d’économiser chaque année en France l’équivalent de 1.200 Tour Eiffel de ferrailles. « Avec cette étude, nous voulons montrer la contribution du recyclage » à la transition vers une économie bas carbone, alors que la France veut diviser par quatre ses émissions de CO2 d’ici à 2050 (par rapport au niveau de 1990), a expliqué M. Carpentier. Ces résultats doivent inciter à « renforcer la dynamique pour valoriser toujours plus de déchets en matières recyclées et incorporer plus de ces matières dans les produits », complète Bruno Lechevin, président de l’Ademe.

 

Un nouveau mécanisme de calcul des impacts environnementaux

Outre cette étude, Federec a également mis au point un logiciel pour permettre à tous les acteurs de la filière de calculer les gains de leur activité en termes d’émissions de CO2 ou d’énergie. Il permettra aux professionnels du secteur de mieux évaluer l’impact de leurs processus de production au regard de leurs tonnages et des étapes de cycle de vie correspondant (par exemple, le choix du broyage ou du cisaillage dans le cas des métaux). Ils pourront également évaluer les coûts/bénéfices environnementaux d’éléments techniques tels que les distances de transport, les consommations d’énergie, les pertes, etc.

Source : http://lenergeek.com/2017/06/03/recyclage-dechets-climat-hexagone/