Sono Sion : au volant du monospace solaire à 16 000 €

... les prix baissent !

 

D'un gabarit similaire à une Opel Ampera-e, la Sono Sion se veut moins chère et plus écologique.

Cette auto proposée par une start-up allemande utilise des panneaux solaires pour recharger – partiellement – sa batterie.

La Sono Sion peut récupérer jusqu'à 30 km d'autonomie chaque jour, grâce à ses panneaux solaires.

Un monospace électrique à cinq places, d'un gabarit compact ? Sans aucun doute, c'est l'Opel Ampera-e, bientôt commercialisée et qui promet une autonomie de 520 km sur le cycle NEDC. Et pourtant, ce n'est pas la seule. En effet, il existe une autre voiture, à la fiche technique assez proche. Ce modèle, c'est la Sono Sion, et ses concepteurs jugent que les voitures électriques actuelles ne sont pas assez écologiques. Alors ils mettent en avant le fait qu'elle peut recharger sa batterie grâce à des panneaux solaires.

Encore à l'état de prototype, la Sono Sion emporte sur sa carrosserie 7,5 m² de panneaux solaires. Selon le constructeur, ils permettent de récupérer 30 km d'autonomie par jour, dans les conditions optimales d'ensoleillement. Ceci, grâce à des cellules fournies par l'américain SunPower dont le rendement atteint 24 %, alors que la moyenne du marché tourne actuellement plutôt autour de 15 %. Cela permet de récupérer une puissance de 1,2 kW dans le meilleur des cas. Voilà qui apparaît modeste par rapport aux 3,8 kW d'une prise domestique standard, et carrément négligeable comparé à la puissance maximale acceptée par la batterie de la Sono Sion en charge rapide, de 50 kW.

 

La charge traditionnelle prépondérante

Charger la batterie au lithium de 35 kWh par la simple énergie solaire semble donc parfaitement illusoire : cela réclamerait une trentaine d'heures en plein soleil. En somme le slogan de Sono Motors "Driven by the Sun" (animée par le soleil) semble un tantinet optimiste. En usage courant, c'est bel et bien la traditionnelle charge par câble qui permettra de parcourir l'essentiel des trajets. Surtout si, comme c'est souvent le cas chez les propriétaires de voitures électriques, la Sion est branchée à domicile dans un garage fermé, qui réduit assez nettement l'exposition de la carrosserie au rayonnement solaire.

Il est donc permis de s'interroger sur la réelle rentabilité du principal argument de vente de la Sono Sion que sont ses panneaux solaires. D'un strict point de vue énergétique, leur apport semble faible mais réel. Les 330 cellules solaires sont prises en sandwich entre deux couches de polycarbonate, suffisamment légères pour ne pas imposer un surcroît de masse pénalisant la consommation électrique. En termes financier par contre, Sono Motors ne cherche pas à leurrer ses clients : "Le surcoût des panneaux solaires installés par la carrosserie en sera jamais compensé par la quantité d'électricité qu'ils fournissent au cours de toute la vie du véhicule", avoue sans détour Fabian Duensing, chargé de l'organisation des événements chez Sono Motors.

Pour ne pas trop grever le rendement des panneaux solaires, ceux-ci sont reliés à une batterie 12 V, qui fonctionne sur un circuit séparé. Ainsi, il n'est pas nécessaire de conserver tout le réseau de bord de la voiture en fonctionnement, ce qui induirait une consommation d'électricité constante. Voilà une solution qui rappelle celle utilisé par la Toyota Prius rechargeable (lire notre essai de la Toyota Prius rechargeable) lorsqu'elle est équipée des panneaux solaires sur le toit, qui lui permettent de recouvrer jusqu'à 5 km d'autonomie. Le constructeur japonais a quant à lui choisi une solution qui consiste à charger une petite batterie intermédiaire, qui restitue son énergie à la batterie de traction lorsqu'elle est pleine.

 

Une habitabilité généreuse

Au-delà de ses panneaux solaires, la Sono Sion est finalement une voiture électrique à la fiche technique assez classique. Sa longueur de 4,11 m la rapproche de l'Ampera-e (4,16 m), tout comme son habitabilité aux places arrière. Le coffre de 560 litres apparaît quant à lui inhabituellement généreux. L'autonomie annoncée est de 250 km en usage réel (ce qui devrait se traduire par environ 150 km sur le cycle NEDC), assez équivalent à ce que propose une Nissan Leaf ou une BMW i3.

D'ailleurs, la BMW i3 a servi de banque d'organes pour les deux prototypes déjà mis en œuvre par Sono Motors et fabriqués par la société d'ingénierie allemande Roding. De la citadine munichoise, on retrouve les jantes, le sélecteur de vitesse au volant et les commandes de climatisation. Le principe de construction (structure en fibre de carbone et panneaux de carrosserie en ABS) est également similaire, mais pas définitif : la Sion de série disposera d'une structure en aluminium embouti.

Difficile donc de juger un modèle encore assez éloigné de sa version définitive, même si le constructeur annonce des spécifications proches. Surtout que nous n'avons effectué que quelques dizaines de mètres sur un parking à son volant. Pour autant, les premières impressions sont assez positives : le confort à basse vitesse est de bon aloi, la maniabilité des plus correctes et les démarrages vifs. De plus, le soin apporté à la fabrication des prototypes est sensible, du fait de l'absence quasi-totale de craquements à bord.

 

Un style et une finition à améliorer

Reste que les qualités intrinsèques ne sont pas le principal écueil que devra surmonter la Sono Sion. C'est avant tout son style et sa finition que devront accepter les clients potentiels. Les phares dignes d'une Autolib', la peinture qui est en fait un film autocollant, les panneaux solaires un peu trop visibles (c'est moins flagrant sur le prototype noir, que sur le blanc que nous avons essayé) et le manque de recherche stylistique dans le détail ont tendance à ne pas avantager le volume de petit monospace, pourtant correctement dessiné.

A l'intérieur, les assemblages et la qualité des matériaux n'ont pas grand-chose à voir avec un modèle de grande série, même l'Ampera-e aux plastiques uniformément durs. Ici, les revêtements, en particulier sur les contreportes, se rapprochent plus du monde de la voitures sans permis, type d'autos elles aussi contraintes à de faibles cadences de production. En fait, les quelques touches qui attirent l'œil sont l'original filtre à air, réalisé à partir de mousse végétale dévitalisée, et les éléments issus de la BMW i3, cerclés de plastique façon aluminium. Problème : ceux-ci ne seront pas montés sur la version de série. Pour autant, Sono Motors ne compte pas rester les bras croisés.

"Ces voitures sont des prototypes proches de la série, mais nous espérons les améliorer avant la mise en production", reprend Fabian Duensing. "Les matériaux intérieurs, en particulier des contreportes, sont bien entendu dans la liste des choses à améliorer. Mais c'est aussi le cas des sièges arrière. Nous trouvons pour l'instant l'assise trop proche du sol pour une posture confortable. Et l'équipement devrait également être amélioré, avec l'arrivée d'un régulateur de vitesse et une caméra de recul pour compenser la visibilité de trois-quarts arrière assez limitée". Pas question par contre de l'allumage automatique des phares ou du capteur de pluie. La dotation de série comprendra des airbags et la climatisation, ce qui n'est déjà pas si mal pour un modèle d'une si petite entreprise. Cette start-up munichoise comprend en effet à l'heure actuelle une vingtaine de personnes.

Cet équipement relativement limité, Sono Motors entend le compenser par un tarif très raisonnable, de 16.000 € hors batterie. Cette dernière sera proposée à l'achat ou en location, à un prix encore inconnu. "Nous n'avons pas encore négocié le prix de la batterie", reprend Fabian Duensing. "Nous retardons volontairement cette phase, pour profiter de la baisse des prix des accumulateurs au lithium, qui baissent de mois en mois. Le but est d'offrir le meilleur tarif à nos clients, au moment du début de la production, programmé pour 2019. Ce qui est sûr, c'est que le prix de vente est d'ores et déjà fixé avec le fournisseur, et qu'il n'évoluera pas". C'est tout le mal qu'on souhaite à Sono Motors, quand on sait historiquement à quel point ce genre de promesse est difficile à tenir.

Le nom du partenaire allemand pour la fabrication sera communiqué courant octobre. La commercialisation interviendra si un minimum de 5.000 réservations est atteint. Pour l'instant, le compteur s'approche des 2.300 et le constructeur semble optimiste. Il ne compte d'ailleurs pas opter pour une homologation en petite série, solution moins exigeante en ce qui concerne les exigences de sécurité et par exemple choisie par Citroën pour sa E-Méhari. Le réseau d'entretien devrait être très large : comme France Craft et sa XYT Pixel, Sono Motors entend rendre public le manuel d'entretien pour permettre à n'importe quel garagiste de s'occuper de la Sion.

source : https://www.challenges.fr/automobile/essais/sono-sion-essai-du-monospace-solaire-electrique-a-16-000_502780