ARTE Regards - Pour un monde qui consomme mieux

« Y’a un truc qui ne marche pas » avec la société de consommation – Reportage Arte

Vivre en dehors de la société de consommation, est-ce seulement possible ? Nous sommes nombreux à nous poser la question et à vouloir changer notre manière de vivre. Certains n’attendent plus et développent des alternatives concrètes, comme l’expose Arte avec le reportage « Pour un monde qui consomme mieux », réalisé par Tanja Dammerz. Partons à la rencontre de plusieurs citoyen.ne.s qui expérimentent l’autonomie, dont un couple et leur enfant vivant à proximité de Lyon. Ces derniers ont choisi volontairement la simplicité et ils montrent qu’il est possible de vivre mieux avec moins.

« Dans un petit village près de Lyon, Benjamin Lesage a décidé de faire de son rêve une réalité. Vivre une vie en totale harmonie avec la nature, et où on ne mange pas de viande. Et autant que possible, sans argent ».  Avec sa compagne Yasmine, il a progressivement réalisé l’absurdité d’une société qui produit en continu des objets qui finissent par être jetés après leur courte vie. Outre le manque de sens profond d’un tel système, celui-ci est mauvais pour notre planète. La critique ne leur suffisant pas, ils ont voulu réagir ne manière positive en privilégiant le développement d’une alternative.

Dessin : SINGER


Sur un espace de 3 hectares situé dans un village à proximité de Lyon, ils souhaitent accueillir de nouveaux arrivants au sein d’habitations écologiques et respectueuses de l’environnement. La communauté en devenir accueille déjà quelques membres qui se logent en caravane. Le petit groupe attend de grossir pour se muer en véritable éco-village : « le but n’est pas de vivre isolé du monde, le terrain doit être ouvert aux visiteurs ».

Les membres, qui réfléchissent au bon fonctionnement du projet, sont convaincus qu’il existe des formes de partage viables en dehors de l’échange monétaire, et font le pari d’une « économie du don » : il s’agit de « mettre en place des personnes qui interagissent et chacun donne ce qu’il peut, sans compter […] Le don est libre, inconditionnel. » De cette manière, on évite la concurrence entre les individus et on privilégie l’enrichissement collectif.

Les débuts du projet remontent à 2010, lorsque Benjamin décide pour la première fois d’essayer de vivre sans argent. Il voyage en auto-stop, en récoltant les invendus des supermarchés, faisant de sa démarche un acte engagé contre le système en place. Il rencontre Yasmine au Mexique, qui décide à son tour de le suivre. À leur arrivée en France, ils décident de se lancer dans leur projet de communauté, Eotopia.

 

Des projets qui se questionnent

Se couper totalement de l’État (qui ne représente donc plus le peuple à leurs yeux) et ne pas avoir recours à la monnaie n’est néanmoins pas facile. Pour cotiser auprès de l’assurance maladie qui assure leur enfant, la famille utilise les allocations qui leurs sont automatiquement attribuées. Par ailleurs, Yasmine est auto-entrepreneuse et gagne donc sa vie « normalement » en faisant des transcriptions de musique. Si cela peut sembler contradictoire en apparence, Benjamin est convaincu que son projet est positif pour la société, et qu’il est préférable pour lui de se consacrer à son développement qu’à un travail inutile pour une quelconque multinationale.

Dans son reportage, Arte nous entraîne également auprès d’une jeune femme de 28 ans en Autriche, Lisa Pfleger,  qui a elle aussi fait du « consommer moins et vivre mieux » un but, montrant que cette envie se développe dans une société dans laquelle nous sommes de plus en plus nombreux à chercher à redonner un sens à nos vies. C’est d’autant plus urgent que la crise écologique, inévitablement liée à nos modes de vie, est désormais globale.

Toutes ces personnes sont confrontées aux mêmes questions : la problématique de la dépendance à l’État se pose, mais certains s’interrogent également sur la place des nouvelles technologies au sein de ce nouveau monde qui émerge. La robotisation généralisée qui s’approche va-t-elle émanciper l’humain du travail ? Autant de défis individuels et collectifs qui n’ont certainement pas de solution unique. Pour d’autres, il s’agira de consommer mieux, en restant dans le système marchand conventionnel. Pour d’autres encore, développer un projet professionnel qui transforme les institutions de l’intérieur. Mais malgré les contradictions qui apparaissent inévitablement, peut être est-ce une piste comme une autre pour changer la société de l’intérieur ?

source : https://mrmondialisation.org/ya-un-truc-qui-ne-marche-pas/