FrenchImpact Les Alchimistes installent des méthaniseurs au cœur de la ville

Chaque semaine, Novethic vous fait découvrir un acteur clé du monde de l’économie sociale et solidaire (ESS) désormais rassemblé sous la bannière French Impact.

 

Aujourd'hui, rencontre avec les Alchimistes, une startup créée en 2016 qui crée des emplois autour de la valorisation des biodéchets en implantant des méthaniseurs, à taille humaine et sans odeurs, au cœur des villes.

Les Alchimistes collectent les déchets alimentaires autour du site d'implantation du méthaniseur et fabriquent un compost en circuit-court. @Florian Bérenguer

Un grand bac à compost labellisé 100 % made in Paris a été posé à coté des fruit et légumes. Depuis quelques semaines, le Biocoop de Tolbiac, dans le 13e arrondissement de Paris, propose à ses clients d’acheter du compost en vrac ou en sachet produit à quelques rues de là, sur le site de l'ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul. Cette friche, baptisée les Grands Voisins, accueille de nombreuses start-ups.

Parmi elles, on trouve Les Alchimistes, une jeune pousse créée en 2016. Leur quête de la pierre philosophale consiste à relocaliser la valorisation de nos déchets alimentaires en ville tout en proposant un compost de qualité en circuit court. Une façon de boucler la boucle entre la fourche et l’assiette avec des méthaniseurs à taille humaine implantés dans les villes.

"Les déchets alimentaires sont pour l’instant très peu triés à la source et partent le plus souvent avec le reste des ordures en incinérateur ou en décharge, constate Kenzo Sato, le cofondateur. Or, brûler de la matière organique composée à 80 % d’eau et de nutriments contribue à l’appauvrissement des sols alors que l’agriculture utilise des engrais chimiques énergivores et importe du phosphate."

Deux tonnes de déchets compostés par jour

Le gouvernement a fixé des objectifs très ambitieux de tri à la source de ces biodéchets dès 2025 pour tous les habitants. Mais actuellement, très peu de solutions existent pour les valoriser et les installations de méthanisation se situent à plusieurs dizaines de kilomètres de Paris, en grande couronne, voire dans les régions limitrophes. 

"Nous avons conçu une solution intermédiaire entre le compost de proximité en bac dans son jardin ou au pied de son immeuble et les solutions industrielles en grosse usine. Notre composteur s’intègre ainsi très bien à la ville et permet de réduire les allers-retours en camions", poursuit Kenzo Sato.

La machine ressemble à un gros tube digestif en inox avec des pales mécanisées qui permettent de mélanger le contenu et un extracteur d’air. Le méthaniseur pilote, installé aux Grands voisins, permet de traiter chaque jour 100 à 150 kilogrammes de déchets, sans nuisances olfactives, un point essentiel pour gagner le droit de cohabiter avec les citadins. Il permet de produire du compost en quelques semaines seulement grâce à un procédé mécanique. 

Un nouvel appareil va être installé dans la ferme souterraine de La Caverne, dans le 18e arrondissement de Paris, tout juste inaugurée par la municipalité. Il pourra traiter quant à lui 300 kilogrammes de déchets par jour. Et un projet à plus grande échelle verra le jour à l’automne prochain sur une friche de l’Île-Saint-Denis. Il permettra alors de traiter deux tonnes de biodéchets par jour, soit l’équivalent de ce que produisent 10 000 habitants. Le compost ainsi obtenu va directement servir à restaurer le site et à nourrir les sols.

Détayloriser les métiers liés aux déchets

À terme, chaque site va permettre la création de trois emplois équivalents temps plein. C’est un des points importants du projet, car l’entreprise a été cofondée par deux anciennes associations d’insertion par l’emploi avec la volonté de créer des emplois accessibles en fin de parcours d’insertion et non délocalisables.

"Nous souhaitons détayloriser les métiers liés aux déchets (éboueurs, sites de tri, travail à la chaîne) pour proposer un travail plus valorisant, diversifié et implanté sur le territoire. Ainsi, le matin, la personne pourra se charger de la collecte - à vélo - dans son quartier, tout en participant à la sensibilisation des habitants sur le tri. Puis elle se chargera ensuite de fabriquer le compost et de le distribuer."

Après les restes alimentaires, l’entreprise aimerait bien s’attaquer à un autre déchet qui envahit nos poubelles : les couches culottes. Elles aussi contiennent majoritairement de l’eau et de la matière organique valorisable, mais c’est un tout autre challenge. Un projet de recherches qui rassemble scientifiques et fabricants de couches, financé par l’Ademe et piloté par Les Alchimistes, a été lancé.  

source : https://www.novethic.fr/actualite/environnement/agriculture/isr-rse/frenchimpact-les-alchimistes-installent-des-methaniseurs-au-c-ur-de-la-ville-145710.html