Alors qu’elle visite un temple du nord de la Thaïlande, Samorn Hiranpraditsakul, chercheuse en génie industriel, est choquée par les piles d’assiettes et de contenants en polystyrène jetés dans l’environnement par les citoyens et touristes.
Le recours au tout jetable s’est généralisé ces dernières années et un retour en arrière semble inespéré avant de nombreuses années.
L’idée fait son chemin et au bout d’un an de recherche, l’équipe dirigée par Sirintip Tantanee a finalement trouvé l’alternative idéale, notamment inspirée des tapari népalais : les feuilles d’arbres récoltées comme matériau de base.
Du nouveau dans nos assiettes, ou plutôt dans l’assiette elle-même ! Jetables, compostables et biodégradables, ces plats d’un nouveau genre
pourraient remplacer les assiettes plastiques jetables inévitablement utilisées par des millions de personnes à travers le monde et dont un grand nombre termine sa route dans l’environnement
faute d’être correctement recyclé. Une invention thaïlandaise à explorer ?
Il est léger, pratique, pas cher, de toutes les couleurs et souvent résistant, le plastique est tout autour de nous, central à notre civilisation consumériste. Il est devenu si banal qu’on l’utilise et le jette à des vitesses records. Du sachet au sac en passant par nos bouteilles ou les mégots de cigarette, le plastique n’est utilisé le plus souvent qu’une partie infime de sa vie. Celui-ci met ensuite des centaines d’années à disparaître (hors traitement).
Comme chacun le sait, le plastique est un produit dérivé du pétrole qui, une fois chauffé, produit le naphta, liquide qui sera transformé par la pétrochimie en différents plastiques. Il est donc l’enfant de la civilisation des énergies fossiles polluantes. Avec plusieurs milliards de kilos de déchets plastiques déversés dans les océans chaque année et 3,5 millions de kilomètres carrés d’îles de déchets – soit 10 fois la taille de la France – le plastique ne semble plus si pratique que ça. Selon les experts, si nous continuons sur cette route, il y aura d’ici 2050 plus de plastiques en poids dans les océans que de poissons.
tapari népalais / Jyoti Pathak
Avec la mise en danger des écosystèmes marins – 1 million d’oiseaux marins et 100 000 animaux meurent chaque année du fait de l’injection de plastique – et la raréfaction inévitable du pétrole d’où il est tiré, le plastique a du souci à se faire. Bref, la problématique n’a rien de l’anecdote. Partout dans le monde, des chercheurs mettent au point en urgence des solutions alternatives et écologiques. C’est notamment le cas de l’équipe de chercheurs en ingénierie industrielle de l’Université Naresuan de Bangkok qui proposent une alternative sympathique et naturelle aux assiettes en plastique utilisées notamment dans le secteur de la restauration rapide.
Un jour en Thaïlande, en visitant un temple…
Alors qu’elle visite un temple du nord de la Thaïlande, Samorn Hiranpraditsakul, chercheuse en génie industriel, est choquée par les piles d’assiettes et de contenants en polystyrène jetés dans l’environnement par les citoyens et touristes. Le recours au tout jetable s’est généralisé ces dernières années et un retour en arrière semble inespéré avant de nombreuses années. L’idée fait son chemin et au bout d’un an de recherche, l’équipe dirigée par Sirintip Tantanee a finalement trouvé l’alternative idéale, notamment inspirée des tapari népalais : les feuilles d’arbres récoltées comme matériau de base.
Image : Chinnawat Singha
Ce sont trois arbres endémiques de Thaïlande, le Petchara Chaowarat, le Tectona Grandis et le Ficus Benghalensis, ou Figuier des banians, espèce voisine du figuier, qui vont être sélectionnés par les chercheurs pour concevoir assiettes et autres objets biodégradables. En effet, ces feuilles permettent d’obtenir une matière première renouvelable annuellement sans effort, qui résiste à la chaleur et s’adapte à certaines utilisations alimentaire. Pour rendre la feuille rigide et brillante, l’amidon naturel remplace le vernis.
Et les avantages ne s’arrêtent pas là. « Ces assiettes en feuille non seulement sont biodégradables, mais en plus elles sont inoffensives pour la santé, car aucune substance toxique n’est utilisée dans sa conception. » nous explique un chercheur de l’équipe. De plus, l’utilisation exclusive des feuilles permet de les récolter sans abattre les arbres. Bien au contraire, ceci implique de prendre soins de nos arbres pour qu’ils produisent de belles feuilles chaque année. Il reste cependant beaucoup de travail à la petite équipe de chercheurs qui doit tenter de trouver sa place dans un marché global sans pitié, dominé par les dérivés pétroliers.
Image : Chinnawat Singha
Leur combat commence donc localement. L’équipe de chercheur tente aujourd’hui de se coordonner avec les autorités locales afin de remplacer rapidement le polyester dans tous les événements publics, pour enfin le commercialiser, localement d’abord, puis éventuellement à une échelle nationale et internationale. « Nous devons trouver les bonnes personnes pour organiser et nous assister. Cela prendra sûrement des années mais les perspectives sont encourageantes. » insistent-ils. Et pour cause, il est, selon eux, possible de trouver un type de feuille d’arbre adapté dans chaque région du monde, de manière à éviter la case des monocultures. En Thaïlande, le plastique a du souci à se faire… et on s’en réjouit !
source : https://mrmondialisation.org/une-idee-de-genie-pour-en-finir-avec-les-assiettes-en-plastique/