D'après les représentants du secteur, on pourrait produire 20% d'énergie hydroélectrique supplémentaire.
En Haute-Vienne, un poste unique en France a été créé pour faciliter la création ou la rénovation de micro-centrales.
Le moulin de Saint-Amand à Saint-Junien (Haute-Vienne) produit de l'électricité depuis le début du XXe siècle. Quelques centaines de mètres en aval, une nouvelle centrale hydroélectrique fournira de l'électricité pour plus de 500 foyers à partir de 2024. (OLIVIER CHAUVE / RADIO FRANCE)
Pour l'instant, ce n'est qu'un immense trou protégé de la Vienne par des batardeaux en terre. Mais là où les ouvriers s'activent s'élèvera à la fin de l'année une petite centrale hydroélectrique capable d'alimenter 530 foyers de Saint-Junien, deuxième commune de la Haute-Vienne. Un projet de 3 ans et plus de 4 millions d'euros porté par Philippe Herbrecht, un entrepreneur qui possède déjà deux petites centrales hydro-électriques à quelques kilomètres de la future centrale du Moulin Pelgros.
Les engins de chantier creusent le canal qui amènera l'eau de la Vienne jusqu'aux turbines de la future centrale hydroélectrique
du moulin Pelgros, un site où l'énergie hydraulique est utilisée depuis le XVIe siècle. À gauche, la voute,
vestige du passé du lieu, sera préservée et rénovée. (OLIVIER CHAUVE / RADIO FRANCE)
C'est sur ce genre d'installations que compte la région Nouvelle-Aquitaine pour atteindre son objectif d'augmenter de 25% sa production hydroélectrique d'ici 2030. Pour y aider, une expérimentation a été lancée en décembre 2021 en Haute-Vienne avec la création d'une mission de développement de la micro-électricité. Un choix qui ne doit rien au hasard. "Historiquement la Haute-Vienne compte un nombre de seuils [les barrages en travers d'un cours d'eau qui permettent de dévier le courant vers une installation hydraulique], de moulins, et une trentaine de micro-centrales sont actuellement en service", détaille Pierre Roussel qui porte cette mission au sein de la Direction départementale des territoires de la Haute-Vienne.
La production hydroélectrique pourrait augmenter de 20%
Se lancer dans la production d'hydroélectricité n'est pas une mince affaire. Une trentaines de porteurs de projets ont frappé à la porte de Pierre Roussel, le plus
souvent dans le cadre de la restauration patrimoniale d'un ancien moulin à eau. "Ils ont besoin de conseils sur les contacts dans tel ou tel organisme, de l'aide pour comprendre la
réglementation sur tel ou tel aspect, s'il y a des aides financières possibles, à qui vendre l'énergie produite, s'ils peuvent la consommer eux-mêmes", énumère l'ingénieur.
"Ça nous aide beaucoup", s'enthousiasme Philippe Herbrecht. "Quand on a un problème, on sait à qui parler. De par ses relations, de par ses fonctions, il nous permet de débloquer des verrous", juge l'entrepreneur. "Le but, c'est de développer ces énergies renouvelables", assure-t-il. Selon France Hydro Électricité, syndicat professionnel représentant la petite hydroélectricité, on pourrait augmenter la production hydroélectrique française. "Cela représente 12 TWh, soit la consommation domestique de 5,3 millions de Français", explique Jean-Marc Lévy, le secrétaire général de l'organisation.
Cela représente nos importations de charbon et de gaz cet hiver.
Jean-Marc Lévy, secrétaire général de France Hydro Électricitéà franceinfo
Une montée en puissance que le syndicat imagine progressive. "Notre objectif à 2028, c'est d'atteindre +5%", annonce le représentant du secteur, pour la moitié en nouvelles installations, principalement sur des seuils déjà existants.
Les professionnels veulent des sous-préfets spécialisés sur le renouvelable
La mission expérimentale de développement de la micro-hydroélectricité menée en Haute-Vienne, "c'est exactement ce dont on a besoin" affirme Jean-Marc Lévy. Mais le représentant du secteur va plus loin, et demande la création d'un sous-préfet référent énergie renouvelable dans chaque région.
"Aujourd'hui, il y a une administration, DREAL et DDT, qui représente l'environnement. À part le producteur, personne ne représente la partie énergie. On appelle à des objectifs en matière de gestion de l'eau qui soient équilibrés. Il faut arrêter de gâcher de l'énergie pour un gain hypothétique pour l'environnement", alerte-t-il.
Une production menacée par la sécheresse ?
En 2022, la production d'hydroélectricité a atteint en France un niveau historiquement bas. En cause, la sécheresse qui a fait diminuer le débit de certaines rivières, obligé certains barrages à relâcher de l'eau pour soutenir les autres usages que la production d'énergie. "Évidemment qu'on est inquiets", reconnaît Jean-Marc Lévy, secrétaire général de France Hydro Électricité. Mais chaque centrale est unique. "On peut s'adapter dans une certaine mesure", assure-t-il.
Alors que la loi de programmation pluriannuelle de l'énergie doit être débattue au Parlement, l'hydroélectricité veut compter sur les petites centrales pour rester la première énergie renouvelable en France.