Ces « pêcheurs de brouillard » utilisent une invention ancestrale pour « capturer » et produire de l’eau potable (vidéo)

Cette nouvelle technologie capture et traite simultanément l’eau du brouillard pour y éliminer les polluants et les composants nocifs pour la santé humaine. Elle pourrait résoudre la pénurie d’eau dans les régions les plus touchées par la sécheresse dans le monde.

Si le réchauffement de la planète atteint les deux degrés, plus d’un quart des terres émergées seront exposées à de grandes sécheresses, selon cette enquête. En Espagne, par exemple, la moitié sud de son territoire risque de se transformer en désert. Ce problème touche de nombreux autres pays du monde tels que la Mongolie, la Tanzanie, Madagascar, etc. En conséquence, le problème d’accès à l’eau potable et à l’assainissement se renforce. Pour y remédier, il est crucial de ne pas négliger toutes les sources d’eau potentielles. Dans cette étude, des chercheurs suisses et allemands ont conçu un système deux-en-un, capable de « capturer » l’eau contenue dans le brouillard et de la purifier instantanément. Cette technologie peut être déployée même dans les régions concernées par une importante pollution de l’air. Dans cet article, nous vous convions à découvrir davantage ce projet.

L’usage des collecteurs de brouillard à travers le temps

Au 13ᵉ siècle, les Incas capturaient déjà les gouttelettes d’eau du brouillard. Ils plaçaient des seaux sous les arbres afin de capter la condensation dans les régions humides. Au fil des siècles, les méthodes utilisées se sont améliorées et se sont diversifiées. Les plus connues sont les filets ou barrières à brouillard, composées de larges pièces de maille installées verticalement. Les rosées sont donc captées par le filet, puis s’écoulent à travers un canal situé en dessous et se terminent dans un récipient de collecte d’eau. Au Japon, un ensemble de fils parallèles est employé pour piéger l’eau dans le brouillard.

 

Des filets pour capturer le brouillard au Chili. Crédit photo : Nicole Saffie / Flickr (CC BY-NC-SA)

Ces différents systèmes fonctionnent sans recourir à une énergie extérieure. Leur performance varie selon les caractéristiques du filet employé (son matériau, son revêtement chimique et la taille des mailles). Ces modèles simples pouvaient récolter 2 à 10 % de l’humidité de l’air. Ils étaient surtout mis en place en altitude et dans les régions arides.

Plus récemment, les capteurs de brouillard déployés au Chili, au Maroc ou au Pérou sont considérés comme les méthodes les plus efficaces pour produire de l’eau potable. Mais ils ont été confrontés à une contrainte majeure, en l’occurrence l’impureté de l’eau récupérée. Cette dernière ne convient pas à la consommation humaine, car elle contient des polluants et des composés dangereux pour la santé.

 

Aqualonis (FogCollectors) produit de l’eau potable de haute qualité (approuvée par les normes de l’OMS). Crédit photo : Aqualonis Gmbh / Peter Trautwein / Marc Hofer / Frank Sauer (CloudFicher)

Récupérer et traiter l’eau du brouillard simultanément grâce à ce nouveau système

Les chercheurs de l’Institut EHT de Zurich, en Suisse, et de l’Institut Max Planck, en Allemagne, ont développé une technologie combinant la collecte des rosées présentes dans le brouillard et le traitement de l’eau produite. Alimenté à l’énergie solaire, ce nouveau système peut être utilisé presque partout, même dans les endroits présentant des niveaux élevés de pollution atmosphérique. Il pourrait notamment être installé dans des zones urbaines densément peuplées. Cet appareil est constitué d’un filet à mailles étroites, fabriqué en fils métalliques recouverts d’un mélange de polymères et d’oxydes de titane.

 

Les filets sont composés de fils métalliques. Crédit photo : Aqualonis Gmbh / Peter Trautwein / Marc Hofer / Frank Sauer (CloudFicher) – capture d’écran vidéo YouTube

Ce revêtement spécifique fait office de catalyseur chimique, capable de décomposer les molécules organiques polluantes présentes dans l’eau du brouillard pour les rendre salubres. Ainsi, l’eau obtenue pourrait être immédiatement consommée par les humains. Il convient de noter que les chercheurs ont choisi des polymères qui optimisent la capture et l’écoulement des gouttelettes d’eau sur la maille.

Outre cela, ils recommandent d’exposer régulièrement le dioxyde de titane au soleil pour qu’il puisse se régénérer. Au cours de cette étude, cette équipe de scientifiques a testé son invention en laboratoire et dans une usine expérimentale située à Zurich. Selon elle, les résultats étaient prometteurs. En effet, 8 % du brouillard généré artificiellement étaient convertis en eau et 94 % des composés organiques ajoutés étaient éliminés.

Plus d’informations : Aqualonis.com / Nature Sustainability.

Source : https://www.neozone.org/innovation/ces-pecheurs-de-brouillard-utilisent-une-invention-ancestrale-pour-capturer-et-produire-de-leau-potable/